Crète Minoenne

Les navires minoens

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Le navire a été l'un des emblèmes de prédilection pendant plusieurs siècles en Crète. Si Thucydide évoque une thalassocratie minoenne (Thucydide, I, 8), l'absence de la moindre fortification des ports et des villes proches de la mer milite pour une confiance totale en la supériorité de leur flotte.

La publication des sceaux à sujets maritimes réalisée par S. Marinatos (La marine créto-mycénienne, BCH, 57, p. 170-235) rassemblait 30 objets. Les découvertes progressant, L. Basch en rassemble 101. Mais l'étude de Marinatos reste d'actualité, car les nouveaux sceaux n'ont pas modifié les connaissances sur les navire des minoens.

La classification de cette série de sceaux dans un ordre chronologique n'apporterait rien, et pourrait devenir caduque par des erreurs de fouilles ou de datation. La classification typologique de L. Basch en 8 séries semble plus raisonnable. On aurait ainsi 5 types de navires plus les radeaux :

navire-oiseau - type cycladique - navire courbe symétrique en croissant
navire à aileron de dérive - navire symétrique anguleux - radeaux.

J'y ajouterais pourtant volontier le type bateau-corbeille.

Deux autres séries regroupent le navire de type divers et les représentations schématiques.

La marine minoenne est riche de variété de formes pour ses navires. Loin de les avoir inventées, et sans être les seuls à les avoir adoptées, les crétois d'époque minoenne ont su les améliorer pour leurs usages. Rien n'indique cependant qu'à chaque type de représentation corresponde un type réel de navire. En effet on peut très bien imaginer plusieurs styles de représentation pour un seul et même bâteau.

Vers 1500 av. J.-C., la civilisation minoenne disparait au profit des Mycéniens. Les palais sont détruits, leur bureaucratie également (même si certains centres survivent quelques temps). La puissance maritime minoenne n'a pas pu arrêter ces nouveaux venus, preuve de sa limite, voire d'un manque d'évolution.

 

La marine mycénienne

 


 

Type navire oiseau

 

La très grande majorité (35 sur 101) des sceaux minoens appartient au type navire-oiseau. Un sceau se devant d'être différent des sceaux existants, les graveurs minoens, à force de variations, ont fini par perdre de vue l'image initiale. mais une analyse approfondie permet de dégager un ensemble de caractéristiques communes :

- une coque plate et basse à une extrémité et se relevant à l'autre par une tonture très marquée
- une espèce de fleure de lys à l'extrémité la plus haute, qui est en fait la représentation d'un oiseau
- deux ou trois pieux plantés verticalement sur le pont, avec un réseau de croisillons entre eux représentent une voile tendue entre les 2 mats. Simple et universel, ce type de gréement est peut-être évoqué par Pline l'Ancien "le pêcheur d'Afrique qui suspend sa voile de façon érronée entre les mats" (Pline, XVI, 70 : "... et in mari piscator Africus, praepostero more vela intra malos suspendens."). Un miroir étrusque représente également ce dispositif.
- un grand nombre de croissants posés cornes vers le haut au sommet et entre ces pieux
- deux cordages partant du sommet du pieux le plus près de la fleure de lys et descendant en oblique sur le pont

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Type cycladique

 

Si la silhouette rappelle les navires de type cycladique (représentés notament sur les poëlons de Syros), ils se distinguent par quelques aménagements : la quille s'est arrondie vers la poupe, l'absence de pagaies, la voile tendue entre 2 vergues. Cependant la représentation d'un oiseau à la poupe est fréquente.

Ce type de navire traverse l'Antiquité jusqu'au IVe s. ap. J.-C., où il est représenté sur une mosaïque anglaise.

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Type à aileron de dérive

 

Cette série pourrait être rapprochée des navires de type cycladique. Mais ils s'en distinguent par la forme de leur poupe et la longueur du beaupré. Surtout, ils possède à l'arrière, sous la poupe, un aileron de dérive original.

Les fresques d'Akrotiri, dans l'île de Théra en sont d'excellents représentants, comme l'un des modèles de bronze.

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Type courbe symétrique en croissant

Il est bien difficile de distinguer sur ces navires la poupe et la proue. Seul le sceau C11 semble représenter 2 gourvernails. Il est très singulier que les artistes crétois aient systématiquement éviter de les représenter alors que le moins doué des auteurs de graffiti n'oublie que très rarement de les dessiner.

La figure de l'oiseau se retrouve parfois, peut-être pour indiquer la proue.

La voile entre 2 vergues et le mat maintenu pas des haubans attchés non pas un un point unique, mais à distance régulière, semblent des empreints à l'Egypte.

Une peinture sur un sarcophage d'Haghia Triada et un modèle de Kofinas (très restauré) représentent également ce type de navire.

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Type symétrique anguleux

 

La variété des traditions navales crétoises apparaît clairement au travers de cette série de navires à la quille absolument droite à laquelle l'étrave et l'étambot, également rectilignes, se rattachent en oblique.

On pourrait croire à une fantaisie d'artiste si on ne retrouvait pas exactement la même silhouette sur un fragment de coupe peinte de Phaistos, sur des fragments d'un petit pithos, sur des graffiti de Sitias, sur des tablettes d'écriture en linéaire A. L'ancêtre de ce navire est peut-être à rechercher dans l'un des modèles découvert à Mochlos (vers 2200 av. J.-C.).

Il est probable que la technique des écarts permettant d'assembler plusieurs poutres bout à bout ayant fait de substantiels progrès , certains constructeurs crétois en ont fait usage pour extrapoler les formes de ce petit bâtiment pour aboutir au navire aux extrémités symétrique et anguleuses, après abandon des deux "éperons".

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Les Radeaux

L'emplois de radeaux ne fait guère de doute dans l'Antiquité. Mais posséder leur représentation n'était pas évident vu leur caractère rustique. Les radeaux connus semblent composés de deux rangs de rondins disposés perpendiculairement et ligaturés sur un rang de poutre, d'outre ou de poteries.

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Les bateaux-corbeille

 

Sans équivalent ni en Crète ni dans le monde Egéen, le bateau-corbeille rappelle l'Egypte et la Mésopotamie. Peu fréquent, on le distingue tout de même au travers du sceau n°F4 et surtout du modèle en albatre d'Haghia Triada.