Minoens - Mycéniens

La pyxis de Tragana

 

C'est dans une tombe de Tragana,près de Pylos en Messénie, qu'est apparu pour la première fois sur cette pyxis un type de navire totalement nouveau. Récemment le professeur Korres a pu proposer une reconstitution complète du navire (à l'exception du sommet de la proue) grace à la découverte des pièces manquantes.

 

Partie inférieure d'une pyxis découverte à Tragana ( vers 1150 av. J.-C.). Musée National d'Athènes. (L. Basch, n°297).

Cette pyxis fut trouvée dans un tombeau de Tragana, près de Pylos, en Messénie.

Comme le prouve le modèle de l'Acropole d'Athènes, chaque couple se terminait par un tolet, point d'appui des rames. Or le chiffre de 24 couples obtenu ici n'est certainement pas dû au hasard : il représente à une unité près celui des pentécontores, navires propulsés par 50 rameurs.

La voile est représentée ballonée par le vent. Si les points d'amure (les angles inférieurs de la voile) se présentaient ainsi pour un spectateur de profil, il est vraisemblable que la voile devait alors être tendue entre 2 vergues. Au sommet du mat on aperçoit un calcet circulaire. Chacun des 2 anneaux devait permettre le passage d'une drisse.

Le trait partant du calcet vers la proue en certainement un cordage d'étais. Parmi les 4 autres partant vers la poupe, deux sont certainement des haubans. Les 2 autres représentent les drisses. Il est intéressant de remarque que l'une d'entre elle s'attache à mi-distance de la poupe et du mat, tandis que l'autre vient s'attacher à proximité du timonier. Etait-ce pour lui permettre de régler la voilure ?

Autre innovation : un important château de proue, fait de poutres horizontales et verticales, et d'entrecroises. Homère désigne cette construction sous le nom d'ikria dans l'Illiade (XV, 435) et l'Odyssée (V, 163-164; V, 252-253; XII, 229,230). Ainsi, au chant V, Calypso ordonne à Ulysse de planter sur son radeau un ikria qui puisse le porter sur la brume des mers. Celui-ci, après avoir terminé le plancher, dresse l'ikria, et en fait le bordage de "poutrelles serrées, qu'il couvrit, pour finir, de voliges en long". Au chant XII, Homère mentionne expresscément les ikria de l'avant, ce qui implique l'existence d'une structure similaire à l'arrière. C'est bien ce que montre le navire de Tragana : pour la 1ère fois le timonier bénéficie d'un abri.

Des navires similaires sont gravés sur un pilier de Dramesi. Mais l'un deux dispose en plus, comme les navires d'akrotiri, de supports pour recevoir les vergues rabaissées.

reconstitution du professeur Korres ( L. Basch, n°298 C )