Grèce géométrique

La marine mycénienne

La marine post-mycénienne

 

La destruction de l'ordre politique et économique mycénien n'a pas mis fin à toute navigation en mer Egée. Le nombre de sites habités a chuté, mais il semble perdurer davantage en zône côtière : le port d'Asiné, en Argolide, et Perati sur la côte Attique ont révélé des contacts avec l'Orient au cours du XIIe siècle, mais quasiment aucun au Xe siècle.

D'autre part l'exode des Achéens vers les îles et la côte d'Asie mineure n'a pu se faire qu'avec un minimum de bâteaux. De plus on constate que, au XIIe siècle, de petites communautés côtières et quelques îles (Naxos, Cos, Rhodes) participent à une culture commune, portant encore la marque mycénienne, ce qui n'a pu se réaliser non plus sans déplacements maritimes.

Au Xe et IXe siècles, de grands mouvements de population ont lieu en Grèce continentale, et de Grèce vers la façade maritime de l'Anatolie, de Clazomène au nord à Milet au sud. Par la suite les populations appelées "les Doriens", certainement venues de régions comme l'Epire, aux traditions maritimes inexistantes, se sont lancées vers quelques îles plus lointaines (Milo, Théra, Cos, Rhodes, Halicarnasse, Cnide, Phaselis). Ils ont donc dû faire appel à des survivances locales de techniques de navigation.

Les traditions maritimes mycéniennes ont donc dû survivre dans ces communautés mal connues. Mais les "flottes d'état" ont dû disparaître faute d'états. Et les longues navigations tant vers l'orient que vers l'Occident se sont arrêtées. Mais pour une société qui a vu disparaître brusquement et pour plusieurs siècles la technique de la construction de pierre, la science des fortifications et jusqu'à la connaissance de l'écriture, il ne fait pas de doute que l'art de la construction des navires a constitué, pendant plusieurs siècles, la forme la plus avancée des techniques dans le monde grec.

Les deux sources écrites pour cette époque sont l'Iliade et l'Odyssée composées par Homère vers le milieu du VIIIe siècle. Leur datation précise est sujet de controverses, ainsi que le monde mycénien auquel ses héros appartiennent historiquement. Mais pour la marine les discussions sont limitées : Homère ne parle que de bâteaux "rapides", "de grande capacité", "bien construits", munis de nombreux bancs de nage et de nombreux tolets. Il est donc impossible de reconstituer un "navire homérique".

Vers 1050, les potiers d'Athènes adoptent la brosse à pinceaux multiples, en usage à Chypre depuis plusieurs siècles. Ils inventent de nouvelles formes de vases et un nouveau style de décor peint qui ne comporte plus que des motifs strictement géométriques (la période proto-géométrique). Athènes domine, en importance, son époque (d'ailleurs l'Attique a été beaucoup moins dépeuplée que les régions voisines) mais aucun navire de l'époque n'a été représenté sur les documents qui nous sont parvenus. Des vases ont été trouvés dans plusieurs villes des Cyclades, en Crète et en Ionie, attestant des contacts.

L'introduction, à partir de 900 av. J-C., d'éléments "réalistes" caractérise la période géométrique, jusque vers 700 av. J.-C. Mais Athènes doit faire face à la concurence des ateliers béotiens, argiens, ... A cette même époque Athènes commence à reproduire des images de navires, mais elle reste totalement absente du mouvement de colonisation. L'école du Dipylon (vers 760-735) nous montre donc à quoi ressemblait les navires athéniens, mais nous ignorons totalement à quoi ressemblaient les navires de Milet, de Corinthe, de l'Eubée ou de Mégare.

 

La marine de la Grèce géométrique