Rome Impériale

 

L'Album de la corporation des Fabri navales
(charpentiers de marine)
d'Ostie et/ou du Portus

 

Conclusion

 

L'album du CIL XIV, 256 et les autres sources épigraphiques nous permettent d'établir - avec beaucoup d'approximation et d'incertitude il est vrai, et dans un cadre chonologique limité à la fin du IIe s. ap. J.,C. pour les inscriptions qui ont pu être datées - que l'élite des fabri navales dont les noms sont consignés dans cette liste matriculaire, était pour la quasi-totalité d'une origine sociale modeste (affranchis, pérégrins et leurs descendants, non citoyens) avec une majorité de gens probablement originaires d'Italie. Dans le groupe restreint des 33 dignitaires et anciens dignitaires, on remarque que sur le plan de l'origine géographique les différences de proportion sont beaucoup plus atténuées - pour ne pas dire inexistantes - que parmi les plebei (il y a parmi les honorati douze latins, douze gréco-orientaux, et neuf africains): il n'y avait donc pas de discrimination ethnique quant aux chances d'accession au cursus honorum collégial, seules comptant l'honorabilité et la capacité financière à assumer les charges liées aux honneurs.

Malgré cette extraction sociale modeste, les charpentiers de marine de la région d'Ostie, clé essentielle pour le ravitaillement en céréales de la Rome impériale, faisaient très certainement partie de ces corps de métiers dont le pouvoir impérial ne pouvait en aucun cas se passer. La possession d'un temple collégial, la protection de riches patrons, la probable surveillance d'un praefectus collegii impérial, l'espoir de promotion sociale que l'appartenance à ce corpus procurait aux ouvriers des chantiers navals, sont autant d'éléments qui étayent la théorie d'une profession ayant acquis un rôle important dans la société de la Rome impériale, et le prestige en découlant dans les milieux ouvriers.

Gilles Brule